Cochons bio : stop à l’agriculture intensive, place aux produits sains et de qualité

La crise du porc n’est d’autre qu’un alignement sur les prix mondiaux, une course en avant vers la médiocrité pour obtenir un prix toujours plus bas au détriment de la qualité. Non seulement de la qualité de la viande, mais aussi celle d’un élevage, d’un métier, du fermier, du respect des animaux…
Dans cette folle course en avant vers la mondialisation et la productivité, les éleveurs abandonnent tout ce qu’ils aimaient : le respect de l’environnement mais surtout le respect et l’amour de leur propre métier !

Aujourd’hui, les paysans qui restent dans « le système »  finiront par ne plus être rentable et accumuleront difficultés et dettes. La seule issue sera la faillite.

L’avenir et la survie des agriculteurs locaux ne sera possible que par une agriculture bio et respectable avec des produits sains et de qualité. L’agriculture intensive appartient au passé. La malbouffe ça suffit ! Tournons la page et passons à autre chose !

 

Tout est possible, en voici une preuve : article journal l’Alsace du 11 octobre 2015 :

Paysans dans une « ferme d’avenir»

Pour Lauriane et Charles Durant, c’est une ferme bio. Pour d’autres, ça ne serait qu’un grand terrain. C’est un champ en pente de 2,3 hectares, entre la lisière d’un bois et une petite route. Dans la partie basse, un bâtiment agricole, qui abrite une porcherie, un magasin et un laboratoire pour transformer la viande ; dans la partie haute, une grasse pâture. Nous sommes à Schopperten, un village à l’est de Sarre-Union et à deux pas de la Moselle. Aux confins de l’Alsace, mais bien dans l’Acal. Cette exploitation, la ferme du Vieux-Poirier, vient déjà de se distinguer dans le cadre de cette future grande région : fin septembre, elle a été désignée lauréate du concours « 13 fermes d’avenir pour dessiner l’agriculture de demain » pour l’Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne (voir ci-contre).

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Vivre décemment en étant raisonnable

L’ « agriculture de demain » que ce couple essaye de mettre en place dès aujourd’hui tourne autour de quelques idées simples et révolutionnaires. Les voici, en vrac : une exploitation agricole n’a pas forcément besoin d’accumuler les hectares pour être viable ; elle peut être non-agressive et quasiment autosuffisante ; la cohérence est plus importante que le profit ; on peut vivre décemment en étant raisonnable, en faisant peu mais bien, dans un triple respect : de la Nature, des animaux et de l’humain.

Lauriane et Charles sont mariés, jeunes (respectivement 36 et 28 ans), parents de deux garçons (Achille, 6 ans, et Marius, 4 ans) qui jouent par terre, à côté des cochons. Et, on s’en doutait, très écolos. Capables de partir une semaine en été dans les montagnes suisses, en couchant à la belle étoile et en se nourrissant uniquement de fruits et légumes sauvages. Mais capables aussi d’utiliser la force de frappe des réseaux sociaux et de faire des tournées de 100 kilomètres en camion pour vendre leurs produits.

Sur un panneau à l’entrée de la ferme, ils se définissent comme « paysans charcutiers ». « Je préfère dire paysan qu’agriculteur , sourit Charles. Et cochon plutôt que porc ! » Les mots ont un sens : en l’occurrence, ça signifie se rattacher d’abord à une tradition qu’à une technicité.

Charles est du milieu : ses parents possèdent une ferme d’élevage bovin à Badonviller, en Meurhe-et-Moselle, près des Vosges et du Bas-Rhin. Lauriane, elle, vient d’ailleurs : elle est de Forbach et fut grossiste en cosmétiques. « Avant, j’imaginais un monde paysan en co-création avec la Nature, et j’ai été choquée de voir que cette Nature était souvent utilisée comme une simple machine » , raconte la néo-paysanne. Fin 2012, le couple achète ce terrain de Schopperten (c’était l’entrepôt d’un chauffagiste) pour tester sa vision de cette « co-création ». Les parents de Charles font certes du bio, mais ils vendent à une coopérative ; or, pour le couple, il est impensable de ne pas faire de la vente directe : « On ne veut pas dépendre des cours du marché mondial , dit Charles. Au moins, en vente directe, si ça ne me marche pas, c’est de notre faute… »

Charles et Lauriane font d’abord du cochon. Ils ont certes aussi de la volaille (750 poulets de chair), mais comme l’Alsacien est un gros mangeur de cochonnailles… La ferme élève en permanence une centaine de porcs, et Charles en transforme 120 par an en tonnes de jambons, knacks, lard et autres saucisses.

Grâce au projet « Fermes d’avenir », ils souhaitent se diversifier dans de petites productions annexes, et proposer à leurs clients de nouveaux plaisirs : poissons, écrevisses, champignons ou légumes rares (voir ci-dessous). Ça ne fera sans doute pas exploser leurs revenus, mais ça donnera sûrement plus de travail, et poussera peut-être le couple à faire venir un salarié ou un associé. Voici une autre donnée fondamentale de ce type de projets : la dimension sociale. Une microferme peut générer un peu d’emploi, en plus de recréer de la sympathie entre le producteur et le consommateur.

Dimension sociale

Ces doux rêveurs sont confrontés au principe de réalité depuis bientôt trois ans ; et non seulement ils sont toujours là, mais ils progressent. Si bien qu’ils suscitent à présent plus de curiosité que de scepticisme. Ils donnent des conférences, participent à des documentaires. Quelque 500 personnes sont venues à leur rencontre lors d’une journée portes ouvertes, le dimanche 20 septembre. Et même des agriculteurs du coin n’hésitent plus à venir voir ce qui se trame dans la microferme du Vieux-Poirier… « Et ça , réagit Lauriane, ça nous fait très plaisir ! »